26 Avril 2021
La nouvelle est tombée ce triste dimanche 25 avril... Philippe Da Silva, propriétaire et chef étoilé de l'Hostellerie des Gorges de Pennafort dans le Var, est décédé, victime de la Covid-19. Avant même de lui rendre un hommage tellement mérité et qu'il aurait tant aimé lire, je tiens à présenter mes plus sincères condoléances à sa famille et plus particulièrement à son épouse Martine, ainsi qu'à toute l'équipe de l'hostellerie. Philippe avait 67 ans, seulement...
Il y a des personnes que l'on rencontre une fois, puis deux et... sans savoir trop pourquoi, elles laissent dans l'indifférence. Mais il y en a d'autres pour qui c'est le déclic immédiat. Philippe Da Silva en fait partie. Permettez-moi désormais de lui parler au présent, car une belle personne comme lui reste dans les coeurs pour toujours. Quel est donc cette énergie si particulière qui l'anime et qui vous attire, tel un aimant ?
Philippe, c'est un homme hors norme, personnage au grand coeur, d'une incroyable générosité pour sa famille, ses proches et amis et aussi ses clients venus se régaler d'un déjeuner somptueux à Callas, ce petit village de l'arrière-pays varois où Philippe et Martine da Silva ont posé leurs valises quelques 27 années plus tôt.
Petit retour sur la carrière de ce chef étoilé et respecté de la profession qui a fait ses armes dans de belles maison de la capitale dont Le Chiberta à quelques pas des Champs-Elysées. Natif du Portugal, c'est à l'âge de 6 ans qu'il arrive à Cogolin dans le sud de la France avec ses parents. S'ennuyant sur les bancs de l'école, il se réjouit au contraire de la cuisine familiale, celle concoctée par sa grand-mère et par sa mère. Il entre alors en apprentissage en cuisine à l'âge de 14 ans et on connait la suite, un parcours brillant acquis par sa maîtrise totale de la grande cuisine gastronomique française associé à une personnalité éclatante, une joie de vivre totale.
Sa passion pour la cuisine, il a su la transmettre à tant de cuisiniers, à tant de gourmets-gourmands. Autant dire qu'il faut pousser les portes de "l'auberge du bonheur" pour s'en rendre compte. Un simple déjeuner sur un bel itinéraire sillonnant la Provence devient un festin comme il est assez rare d'en trouver. Vous commandez le menu découverte mais les plats, tous plus délicieux les uns que les autres, défilent à belle allure. En réponse, c'est le cadeau du Chef Philippe! Tout est surprise et délectation comme en témoigne la carte et les menus du restaurant que je vous laisse le soin de découvrir.
Philippe c'est l'ami par excellence, avec lequel j'ai aussi aimé partager ma passion des belles cylindrées. Oui, voilà une autre passion du grand Chef : l'automobile. Je le revois encore, tel un enfant découvrant ses joujoux de Noël, au volant de sa Porsche ou encore en s'émerveillant devant de magnifiques Ferrari ou encore un parterre de Bugatti... à en donner le tournis.
Philippe c'est aussi l'amour des beaux objets, particulièrement sensible à l'art à l'instar des créations de Nicolas Laty, verrier à Biot que l'on retrouve dans sa maison de coeur. Après tout, la cuisine est un art à part entière et entre artistes, on s'entend bien.
Voilà cher Philippe, sur ces mots, je vous dis un dernier "au revoir". Je vous avais promis de revenir à Callas, une fois le confinement levé, vous ne m'en avez pas laissé le temps. A Martine, à qui je témoigne ma très vive émotion et surtout mon profond chagrin, un mot pour vous dire que je répondrais toujours présente en revenant avec clients et amis pour continuer à nous régaler (car la relève est là et le sera toujours) et nous ressourcer au coeur des Gorges de Pennafort, cet endroit d'un autre temps que Philippe a adoré...