16 Novembre 2021
Le Chef Michel Rochedy nous a quittés dans la nuit du 14 au 15 novembre des suites d'une longue maladie.
Il m'a fallu un certain temps pour écrire ce message... Aujourd'hui seulement les mots et les verbes arrivent à se conjuguer pour apaiser ma tristesse et mon chagrin.
Figure incontournable de la haute gastronomie française, rattaché à la station de Courchevel depuis les années 60 mais surtout très attaché au territoire ardéchois qui l'a vu naître, Michel Rochedy était un chef hors norme, discret et attachant. "Il était du niveau de Paul Bocuse, des Troisgros, de toute cette génération qui nous a ouvert la voie" a confié Maxime Meilleur, Chef savoyard triplement étoilé, à France Bleu. Monsieur Rochedy a décroché sa première étoile au guide Michelin en 1979 puis sa seconde étoile cinq ans plus tard. Une deuxième étoile qui continue de briller sur le Chabichou, avec celui qui a partagé sa vie en cuisine pendant plus de trente ans, Stéphane Buron qui dirige toujours les cuisines du Chabichou.
Michel Rochedy avait pris sa retraite en 2018, date à laquelle il avait vendu son établissement à l'homme d'affaires lyonnais Jean-Claude Lavorel qui a aussi racheté l'Auberge de Létraz à Sévrier et le Palace de Menthon, sur les rives du lac d'Annecy. Michel Rochedy partageait sa vie avec sa famille, entre l'Ain et sa terre natale d'Ardèche.
Un parcours remarquable...
Fils d'aubergistes de Saint-Agrève en Ardèche, formé par André Pic, c'est en 1963 que Michel Rochedy arrive à Courchevel pour visiter un fonds de commerce à vendre. A cette époque la station de spots d'hiver commençait à sa construire... C'est là qu'il a rencontré Maryse qu'il épousera quelques temps après. Ensemble, pendant près d'un demi siècle ,ils feront vivre ce grand chalet en bois blanc au pied des pistes de Courchevel 1850, un chalet accueillant et chaleureux, comme ils l'étaient tous les deux et comme la cuisine de haute volée offerte à une clientèle internationale de gourmets. Une cuisine qui reflète l'attachement de Michel Rochedy à la nature, aux bons produits, à la proximité de la terre et à son respect du monde paysan. Pour lui, il devait ces valeurs à ce terroir, là ou rien n'est donné mais où la patience, la persévérance et l'énergie sont les seules clés pour avancer.
Si la vie professionnelle de Michel Rochedy était aussi celle des voyages qui lui ont permis de connaître tant d'univers, sa cuisine aussi raffinée que créative le ramenait à son enfance et à l'enseignement reçu de son grand-père maternel, de ses parents. Il se régalait des pommes de terre farcies, des salades qu'une pointe d'ail venait relever, des herbes sauvages qui transformait un plat tout simple en festin, sans oublier les caillettes et la gorge de porc sans laquelle les terrines ne sont pas base. Voilà c'était Michel Rochedy. Il aimait faire simple pour faire du bon, du très bon.
"C'est du bonheur que de donner du bonheur", telle était sa devise...
Michel Rochedy, je le connaissais bien. Avec son épouse Maryse, ils m'avaient confié l'organisation de plusieurs événements dont les 40 ans du Chabichou et la semaine gastronomique franco-brésilienne brésilienne où le Chef Carlos Wathely et sa brigade étaient venus de São Paulo pour orchestrer des menus à quatre mains mettant à l'honneur les deux pays. Si l'on s'était un peu perdus de vue du fait de mon business aux Etats-Unis, j'ai eu le plaisir de retrouver le Chef Rochedy en 2015 lors des Glorieuses de Bresse à Louhans. Un moment d'amitié et de partage encore une fois, où l'excellence du produit et la passion de la gastronomie nous avaient réunis.
Voilà cher Michel, les mots me manquent encore pour exprimer ma grande tristesse mais aussi pour vous dire combien vous allez nous manquer à tous. Saurons-nous nous retrouver un jour là-haut ? En tout cas, votre gentillesse qui n'a eu d'égal à votre générosité tout au long de votre vie, vous réserve une place d'honneur au paradis.
Au revoir, Chef...