27 Mars 2011
Ses sculptures sont connues du monde entier, mais que sait-on de ses dessins ? Peu de choses. Et pourtant, Rodin dessina toute sa vie. A certains moments plus qu’à
d’autres il est vrai. L’exposition qui lui est consacrée au cœur du musée Matisse à Cateau-Cambrésis est l’occasion unique de venir admirer 67 dessins prêtés par le musée Rodin de Paris et dont
une moitié n’a jamais été présentée au public. De quoi être stupéfaits par la modernité de ses traits jetés sur le papier, qui dialoguent, et c’est un des propos de l’exposition, de façon étonnante avec certains nus de Matisse. Précisément durant la période la plus importante pour ses dessins, qui va de 1896, (Rodin a 56 ans), à 1914.
Rodin dessine ses modèles en refusant qu’ils posent de façon statique, ce que ne fait pas Matisse de son côté. Une technique tout à fait contraire aux habitudes d’atelier et révolutionnaire par son audace. Dans les mouvements, pas de retenue. Souvent et même de la volupté. « J’essaie de traduire la souplesse du corps humain et, bien arriérés sont ceux qui voient des obscénités dans mes productions », précise-t- il pour aller à l’encontre des ambiguïtés. Mais il dit aussi « L’art n’est en somme qu’une volupté sexuelle.
Ce n’est qu’un dérivatif à la puissance d’aimer ». Pendant que les modèles évoluent, les yeux fixés sur eux, il dessine d’un premier jet, sans regarder le papier. Ce n’est qu’après qu’il reprend, corrige, choisit “le bon trait“. « Je garde l’indispensable et supprime l’inutile ». Il supprime aussi le contexte habituel de la mise en scène du nu, le livrant seul à la page blanche. Ces reprises du dessin, qui gardent la véracité du mouvement en épurant le style, sont parfois colorées d’un rapide balayage au lavis, parfois découpées et collées pour un autre assemblage, une autre composition.
L’ensemble se découvre à travers une scénographie pensée pour mettre en évidence ce travail progressif du dessin à partir du premier jet. Avec les thématiques que sont Esquisse d’un
jet, Volupté, Apparente simplicité, Couleur, découpages et assemblages, le cheminement est limpide. La dernière salle, quant à elle, est vouée à la découverte de l’art et de la beauté de la
danse.
« Pendant ma jeunesse, en voyant nos ballets d’Opéra, je ne comprenais point comment les Grecs avaient pu placer la danse au-dessus de tout ; je l’ai compris en voyant les danses des Orientaux. Le corps qui danse peut, avec des mouvements, exprimer plus que ne le peut la parole » dit alors Rodin. Et c’est ce qu’expriment les huit sculptures présentées à la fin, tendues dans des mouvements de danse inspirés par Nijinski. De purs moments de grâce. Source : Conseil général du Nord
Exposition Rodin, le Plaisir infini du dessin
Jusqu’au 13 juin 2011
Musée départemental Matisse
59360 Cateau-Cambrésis
Tél. : 03 27 84 64 50